Celui où on parle systémique et écologie du désir
Les conditions de vie sur terre seront-elles préservées en réussissant la décarbonation ?
La réponse rapide est non. La réponse devra être systémique et répondre à toutes les composantes du système terre.
Comme montré dans la Fresque du Climat, le changement climatique n’est qu’une des conséquences des activités humaines. Répondre à cette conséquence est une condition nécessaire mais non suffisante pour arrêter les pressions engendrées sur l’environnement et les huit autres limites planétaires par les activités humaines. Aurélien Barrau est intervenu à l’Univershifté pour expliquer ceci aux ingénieurs de The Shift project et des Shifters: les ingénieurs considèrent souvent que la réponse sera technique alors qu’une grosse partie de la réponse sera comportementale pour arrêter de transformer les ressources de la planète en déchets. Qui plus est même si nous avions une énergie décarbonée illimitée, nous continuerions de transformer la planète à un rythme beaucoup trop important comme maintenant.
La grande accélération montrée ci dessous depuis les années 1950 ne durera pas éternellement. Il en va de notre conscience collective de décider la forme de ces courbes dans le futur afin que nous décidions par nous même de notre futur au lieu que ce soit la planète qui décide pour nous.
Le combo Arthur Keller / Aurélien Barrau vous permettra d’appréhender le sujet dans le détail.
Travailler sur la décarbonation est alors un bon point d’entrée pour commencer le travail de changement de comportements mais peut également masquer les autres impacts négatifs à traiter pour changer notre façon « d’utiliser les ressources »: remplacer sa voiture par une voiture électrique va certes diminuer les émissions de GES liés à sa mobilité mais augmentera les besoins de mines, de pollution de transformation et d’exploitation dans les pays d'Afrique entre autres. Repartir à la source du besoin de mobilité et du besoin réel de voiture fera diminuer le nombre total, la taille, et l’usage au profits de la sobriété et du report modal vers des mode de déplacements écologique (vélo, transports en commun).
En entreprise comme dans sa vie personnelle, se rendre compte des différents impacts des produits achetés ou fabriqués sur l’ensemble des ressources permet de prendre des décisions éclairées.
“N’est ce pas être malade que d’être bien adapté à un monde qui détruit la nature et épuise l’être humain ? A l’inverse, n’est-ce pas un signe de « bonne santé » que d’être éco-anxieux et de souffrir des maux qui affectent la planète et ses semblables ?”
“Les utopistes ce ne sont plus ceux qui pensent que ce sera mieux si on change tout. Les utopistes sont ceux qui pensent qu’il ne faut rien changer”
Aligner sa conscience avec ses actes ou comment aller vers une écologie du désir ?
Arrêtons les « Il faut », commençons les « Je ressens le besoin de… ou la nécessité intérieure de… »: Partir de ses besoins et du « pour quoi ? » avant de parler du « comment ? »
Seul un désir fort pour une destination qui nous enflamme est à même de nous donner l’énergie et la détermination pour traverser les obstacles qui ne manqueront pas de surgir sur notre chemin.
A partir de ce désir, nous pouvons faire émerger des projets ou des initiatives à rejoindre, définir les premiers pas concrets à accomplir et cerner le rôle que nous pouvons y jouer, dans le respect de qui nous sommes.
Ecrire la destination est donc le premier pas de l’engagement ! L’imagination d’un monde dans lequel nous nous sentons bien donnera l’impulsion pour s’y rendre ; (voir atelier 2030 glorieuses)
Plusieurs voies interdépendantes sont possibles pour s’engager en faveur des transitions collectivement :
Des actions de résistance pour atténuer les dommages infligés à la santé du vivant et de la planète,
La création d’un terreau fertile pour des alternatives écologiques, sociales et économiques pour faire naitre le monde de demain,
Le développement du tissu communautaire et des réseaux de soutien pour augmenter la résilience individuelle et collective face aux effondrements en cours et à venir.
Et quand on s’engagera au niveau collectif, on sera également en transition individuelle :
Quête d’un nouveau mode de vie et de comportements orientés vers la sobriété joyeuse,
Déploiement des écogestes au quotidien,
Choix de consommation consciente selon les critères sociaux, écologiques et climatiques,
Participation aux initiatives vertueuses dans tous les domaines,
Soutien citoyen à des associations et actions visant davantage de justice, de respect du vivant et des droits humains équitables à travers une réorientation des politiques et des changements légaux.
Pour réussir sa transition, voici cinq conditions particulièrement vertueuses à respecter:
Un travail intérieur pour un changement de conscience et de valeurs. Ce travail sur soi même enracinera les pratiques responsables et leur donnera un sens plus profond. Ce changement de conscience est également la source de guérison interne et tout cela en guérissant le monde !
Oser croire qu’une transformation est possible et ne pas se décourager devant l’ampleur de la tâche. Nombre d’exemples dans l’histoire montrent comment des utopies qui paraissaient sans espoir sont devenues réalités (abolition de l’esclavage, vote des femmes, décolonisation, etc). Les systèmes basculent alors rapidement à la suite d’un lent processus souvent invisible.
Avancer pas à pas, en commençant autours de nous avec nos aspirations et nos moyens. C’est par nos pensées et nos actes que nous ensemençons le monde de demain et contribuons à son réenchantement.
Tisser des liens de coopération avec toutes les autres initiatives déjà en marche autour de nous.
Tisser des liens avec d’autres acteurs engagés sur des plans différents : politique, experts, chefs d’entreprises : Travailler sur la vision systémique des choses permettra de faire évoluer le cadre et les normes qui encouragent les transitions.
Ce travail intérieur sera favorisé par des attitudes comme :
Le détachement par rapport aux résultats, incertains de toute manière : la fin ne justifie pas les moyens mais ceux-ci transforment la fin.
L’attente patiente des résultats qui sont la conclusion d’une graine qui pousse jusqu’à donner du fruit. S’attacher à planter des graines provoquera plus de résultats que de tirer sur la tige d’une plante pour qu’elle pousse plus vite.
La coopération : on travaille toujours mieux avec des alliés avec des cobénéfices.
S’éloigner d’une démarche intéressée et utile mais se diriger vers un don de soi. Passer du « que puis-je gagner ? » au « que puis-je donner ? »
L’action en conscience est amour. « L’arbre est déjà contenu dans la semence » disait Gandhi. La pleine présence ici et maintenant, dans l’appréciation de chaque chose, comme un sourire, un rayon de soleil ou un chant d’oiseau. Cela exige de ralentir ou s’arrêter, de se rendre disponible à son environnement.
Il n’y a pas de chemin vers la grande transition, la sauvegarde du vivant, la paix, la justice, la solidarité ou encore la sobriété heureuse mais celles-ci sont le chemin.
Ce chemin s’invente à chaque pas.
Ces réflexions me viennent du livre
« Réenchanter notre relation au vivant » de Michel Maxime Egger
que j’ai beaucoup apprécié cet été et qui fait tellement de sens au regard des actions locales qu’on mène avec l’association Kreiz Breizh Transitions dont je parlerai plus tard.
La sobriété dans les modèles économiques de demain
Voici l’étude que j’aurai aimé écrire si j’en avais le talent tellement elle est en accord avec ma façon actuelle de voir l’évolution des entreprises à conduire.
Je ne peux que vous en conseiller la lecture!
Merci de m’avoir lu jusque là.