L'article de la semaine : "Une fausse marque postale révolutionnaire"
Newsletter de la maison Calves #14
Il n’existe pas de meilleur moyen de parfaire sa culture philatélique qu’en se plongeant dans la lecture de la presse et des publications anciennes, dans lesquelles se trouvent quantité d’informations précieuses et érudites.
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L’article de la semaine : “Une fausse marque postale révolutionnaire”
Sans doute le savez-vous : sous la Révolution, pas moins de 3 000 communes françaises ont changé de nom, afin de faire disparaître toute référence à la royauté et à la religion. C’est ainsi que, par exemple, que Bourg-la-Reine est devenu Bourg-l’Egalité ou encore que les Saintes-Marie-de-la-Mer ont été renommées Commune-de-la-Mer... Or, les marques postales révolutionnaires étant très collectionnées, il est venu un jour à un faussaire une idée originale : inventer un changement de nom n’ayant jamais existé et faire passer pour très rare la marque postale témoignant de l’événement ! C’est cette histoire amusante que nous raconte M. Desmonts dans le numéro d’avril-juin 1934 des Annales philatéliques.
“En étudiant la liste, publiée par le Catalogue Yvert, des communes de France ayant changé de nom en 1793, lors de la Révolution française, on peut découvrir parmi les marques de Normandie une d'elles vraiment pittoresque. Sous la Terreur, la commune de Troarn, bureau de recette de l'arrondissement de Caen, aurait pris le nom de Boissansoif.
Certes, ce nom était bien choisi, car Troarn est situé en plein pays d'Auge, fameux pour son cidre... et ce nom ne serait pas plus ridicule que ceux de Port-du-Sans-Culotte, de Bonnet-Rouge et de Havre-Marat1.
Seulement cette marque révolutionnaire n'a jamais existé ; elle a été créée de toute pièce à l'intention d'un amateur lyonnais. Le faussaire (ironiste ou escroc, on ne sait bien) avait trouvé une vieille lettre portant l'estampille postale de CROISSANVILLE, bureau de direction de l'arrondissement de Lisieux. Empreinte assez fruste, les dernières lettres du nom étant à peu près invisibles. On conçoit sans peine que la première lettre étant mal frappée il fut aisé de faire de ROISSAN... BOISSANSOIF.
Le marcophile lyonnais, ravi de la découverte d'une estampille rarissime, fit l'acquisition de cette pièce et s'empressa d'annoncer sa trouvaille aux auteurs du Catalogue des Estampilles Postales, alors en préparation. La caution de ce collectionneur était suffisante pour justifier l'insertion de la soi-disant marque de Troarn parmi les noms révolutionnaires et ainsi Boissansoif eut l'honneur de figurer parmi des noms authentiquement révolutionnaires.
Quelques mois plus tard, un grand collectionneur de marques postales, de passage à Lyon, fut admis à contempler les récentes acquisitions de l'amateur lyonnais qui attira l'attention sur le joyau de sa collection, la marque de Boissansoif, mais, hélas, le visiteur n'eut aucune peine à déceler la supercherie et de quelques coups de gomme remit en état l'empreinte originale... au grand navrement du propriétaire de la pièce.
Entre temps, le Catalogue des Estampilles était paru, contenant la mention de la marque de Boissansoif, et il faudra attendre une nouvelle édition pour que disparaisse cette indication... erronée.
M. Desmonts”
Nous avons effectué quelques recherches concernant la marque Boissansoif et il s’avère, si l’on en croit le Collectionneur de timbres-poste du 1er février 1906, que ce n’est pas une, mais plusieurs lettres, qui ont été réalisées avec cette marque postale falsifiée. Il est donc possible qu’il en existe encore certaines en circulation. Si vous avez connaissance de leur existence, nous serions très heureux que vous nous communiquiez l’information.
Le lien pour lire en ligne le volume d’avril-juin 1934 des Annales philatéliques : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9674086z/f147.item
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Les Authieux-sur-le-Port-des-Sans-Culottes est le nom révolutionnaire de la commune d’Authieux-sur-le-Port-Saint-Ouen (Seine-Maritime), Bonnet-Rouge est celui de Saint-Bonnet (Charente), et Havre-Marat est celui du Havre (Seine-Maritime).
merci