Ce weekend du 20-21 mai 2023 restera une date de légende pour la marque au cheval cabré. Il y a parfois des anomalies dans notre monde moderne, des curiosités statistiques que seul le temps se charge un jour de rectifier.
Depuis 1970, les 24h ADAC du Nurburgring se déroulent dans l’enfer vert du Nordschleife, ce circuit mythique de plus de 20km qui s’enroule autour des montagnes allemandes du massif de l’Eifel. Les concurrents des 24h parcourent non seulement le tracé qui imposa l’épreuve du feu au pilote autrichien Niki Lauda mais avec en bonus le circuit moderne du Nurburgring, plus large et plus dégagé.
L’effrayante bande d’asphalte du Ring piège même les pilotes les plus expérimentés en GT qui doivent se faufiler dans un trafic dense de plus de 100 véhicules en pistes aux cylindrées disparates.
Aux termes de 2 tours d’horloges sans pluie, c’est la toute nouvelle Ferrari 296 GT3 #30 du team Frikadelli (ci dessus) pilotée par les expérimentés David Pittard, Nick Catsburg, Felipe Laser et Earl Bamber, qui a fait un pied de nez aux stats du N24 en s’imposant devant la BMW M4 #98 du team ROWE. BMW est en effet la marque de référence sur les 24h du Ring car elle s’est imposée 20 fois en 51 éditions (loin devant Porsche vainqueur à 13 reprises). Pour Ferrari, c’est la toute première victoire aux 24h du Nurburgring. Historique.
Auto Hebdo nous fait remarquer qu’il y a un peu de French Touch dans cette victoire, la 1ère d’un constructeur italien au Nordschleife, puisque c’est ORECA qui a assemblé cette GT. Un beau cadeau d’anniversaire pour ORECA, l’entreprise fondée par Hughes de Chaunac il y a 50 ans.
L’édition 2023 des 24h du Nurburgring fut sans doute l’une des plus relevée avec pas moins de 30 équipages GT3 (la catégorie reine en GT) et donc de nombreux pilotes ‘usine’. La Ferrari, aperçue en GT World à Monza (ci dessous), a surpris le plateau des connaisseurs par sa vitesse de pointe et sa fiabilité. Seule une crevaison en début de course aura perturbé momentanément la suprématie italienne.
La belle italienne n’était pas engagée directement par AF Corse qui exploite toutes les Ferrari de course (hors F1) mais par un team expert du Nordschleife, Frikadelli Racing… qui avait la récente habitude d’engager des Porsche 911 GT3 R jusqu’à l’année passée. Une infidélité qui vaut la victoire à ce team audacieux qui a annoncé engager la 296 GT3 juste 2 mois avant la course. La chance sourit aux audacieux.
Pour les supporters tricolores, ce N24 n’aura pas souri à Romain Dumas 🇫🇷 qui reste le recordman Français de victoires sur les 24h du Nurburgring (4 victoires), à 1 unité du record absolu à 5 couronnes codétenu par Pedro Lamy 🇵🇹, et les allemands Marcel Tiemann et Timo Bernhard 🇩🇪. Kevin Estre 🇫🇷, victorieux sur Porsche 911 GT3 R du Team Manthey Grello Racing en 2021, aura connu une édition plus douloureuse avec une sortie de piste juste sous le nez d’une Ferrari 296 GT3.
Le team Frikadelli et son patron Klaus Abbelen, ont rendu un vibrant hommage à la regrettée Sabine Schmitz qui remporta l’épreuve en 1996 et 1997 devenant une pilote féminine iconique de l’endurance GT.
A mon tour de rendre hommage à Eric Damagnez, un journaliste automobile suisse que le sort a également emporté en ce mois de mai 2023. RIP Eric.
Et pour finir sur une note plus joyeuse, un grand merci à mon ami Hervé qui m’a fait toucher de près la future voiture victorieuse (la 296 GTB en version route) avec 6 mois d’avance dans l’antre de Maranello. Inoubliable et prémonitoire 👇.
Quelques bonus pour ceux qui en veulent toujours + (pour l’ID Society, je rêve d’un voyage découverte au Nurburgring 🙏)
Le ‘Race Highlights’ complet de cette édition 2023 des 24h du Nurburgring:
Un livre que j’ai dévoré d’une traite (parfait pour se détendre à l’hotel pendant les weekends de course): “L’ivresse du vent” Editions “J’ai lu” de Véronique Chauvy. Un roman dont l’intrigue se déroule sur les Monts d’Auvergne théatre de la dernière édition de la course Gordon-Bennett en 1905. La course auto à ses origines.
Sans oublier qu'à cette course participait un patron de groupe de construction automobile qui, à défaut de figurer en haut du classement, démontre qu'il s'intéresse vraiment à son produit, y compris dans le sport, j'ai nommé Monsieur Carlos Tavarès Président de Stellantis, qui termine P4 de sa catégorie après bien des soucis de boite de vitesse sur son Opel.
Son gout pour la compétition auto n'est pas sans me rappeler celle d'un très grand patron et grand pilote moto, Monsieur Jean-Claude Olivier qui, lorsqu'il Présidait aux destinées de Yamaha Motor France, se permettait régulièrement de terminer le Dakar ou l'enduro du Touquet devant les pilotes officiels de la marque !