đ Corps vivante, de Julie Delporte
Un roman graphique autobiographique qui parle dâorientation sexuelle, dâidentitĂ©, de pression et de chemin vers sa libertĂ©
Cette Ćuvre visuelle aussi bouleversante que nĂ©cessaire est mon coup de cĆur BD 2023.
Elle secoue, cette « BD ». Julie Delporte raconte son histoire. Une vie de violences, de dĂ©ni, de refus de son dĂ©sir. AttachĂ©e et en partie contrainte, Ă vivre une « normalité » destructrice faite de relations non consenties, de domination, dâanxiĂ©tĂ©.
« Je veux quâon me laisse tranquille, quâon arrĂȘte de vouloir rĂ©parer mon corps. Quâon lâaime, quâon en prenne soin comme il est : parasitĂ©. Câest la norme dâĂȘtre affectĂ©, tout le monde lâest. Depuis trĂšs longtemps, mon corps, ce point de contact avec le monde, reprĂ©sente une possibilitĂ© dâagression. Pas Ă©tonnant que je mâen sois dissociĂ©e. »
Vers 35 ans, Julie Delporte entre de plain-pied au Gouinistan, le pays des lesbiennes. Le lieu du repos, des liens libres et libĂ©rateurs. Lâespace du retour Ă lâart, notamment la photo, dans un monde quâelle prend Ă nouveau plaisir Ă voir, Ă regarder, oĂč elle Ă©prouve quâelle est en-corps vivante.
Une Ćuvre poĂ©tique et profonde, qui mâa secouĂ©e. Les dessins dâalgues, de minĂ©raux, y dialoguent avec les citations de Dorothy Allison, Annie Ernaux, Paul B. Preciado ou Monique Wittig. Rien nây est simpliste. Lâautrice ne devient pas subitement « elle-mĂȘme », le chemin nâest jamais fini. Mais elle Ă©clot, et câest beau.
« Longtemps, je me suis retrouvée à exercer ma sexualité pour me sentir normale ou obtenir l'affection dont j'avais besoin, et non depuis un désir qui m'appartenait. Je me disais que je n'étais sûrement pas la seule à avoir vécu cela et que c'était un bon sujet. »
En effet Julie, en effet. Merci.
JâespĂšre que vous le lirez.