Il y a deux ans jour pour jour je rencontrais Trufa pour la première fois. Après des mois à chercher un chien à adopter et ensuite plusieurs semaines à attendre qu’elle arrive enfin en France, ce dont je me souviens de ce 8 avril 2022 c’est surtout une journée à trouver que le temps passe trop lentement et à ne plus tenir en place. Trufa est en fait arrivée le 9 avril à 3h du matin, mais comme je ne m’étais pas couchée, c’était encore le 8 pour moi, et j’ai suivi tout son trajet la journée du 8 donc je préfère utiliser cette date comme anniversaire, ça a plus de sens pour moi.
Si vous n’avez pas envie d’entendre parler de chien ou du fait de vivre avec un chien, peut-être que cet article n’est pas pour vous. Je vous préviens, ça va globalement être du fluff et rien de plus.
Love You Like a Love Song
J’ai déjà fait un épisode de cette newsletter sur mon adoption de Trufa où je parlais de comment ça avait entraîné un cercle vertueux dans ma famille et sauvé en tout quatre chiens. Dedans je racontais un peu le parcours que j’avais eu pour adopter Trufa, si vous êtes curieuses ou curieux sur cette questions.
Dernièrement ce dont j’avais envie de parler, parce que j’y pense pas mal, c’est à quel point ma relation avec Trufa est différente de celle que j’ai eue avec les trois autres chiens avec qui j’ai vécus dans ma vie.
Avant Trufa j’ai vécu avec trois autres chiens : Mask, quand j’avais 10 ans, Maïs quand j’étais ado/jeune adulte et Plume, adoptée par mon colocataire deux ans avant que j’adopte Trufa et avec qui je vis toujours. J’ai aimé d’un amour très fort chacune et chacun de ces toutous. Avant d’avoir Trufa j’avais déjà conscience qu’il y avait des différences entre chaque relation que j’avais eu avec ces animaux. Maïs était la chienne de ma sœur, Plume la chienne de mon colocataire, et ça n’avait rien à voir avec la relation que j’avais avec Mask qui était mon chien et dont je m’occupais au quotidien.
Maïs était un petit yorkshire de deux kilos et demi qu’on a adoptée en famille quand elle avait quatre ans. Elle avait été maltraitée et un des gros boulots qu’on a eu à son adoption a été de la rassurer et de lui faire comprendre qu’elle ne vivrait plus jamais ça. C’était une chienne adorable, qui arrivait à conquérir absolument tout le monde, même les personnes qui détestaient les petits chiens finissaient avec la chienne sur les genoux sans trop comprendre pourquoi ou comment. C’est aussi la chienne que j’ai eu le plus longtemps dans ma vie, on a eu de la chance, et sa mort a été très triste, bien qu’elle soit arrivée progressivement et à un âge où c’était tout à fait normal. J’adorais cette petite chienne, qui m’a complètement convertie aux yorks, mais c’était la chienne de ma sœur. C’était ma sœur qui gérait le quotidien, et mes parents qui géraient le reste, du coup j’avais une relation sans contrainte avec cette petite chienne. On était proches mais je n’étais pas son humaine et j’en étais consciente dès le départ. C’était très différent de la relation que j’avais eue avec mon premier chien.
Plume est une croisée border collie de vingt kilos. Mon colocataire l’a adoptée alors qu’elle avait trois mois juste avant le premier confinement de 2020. Elle nous a beaucoup aidé·es à tenir pendant le covid. Elle a permis à mon colocataire d’avoir une excuse pour sortir plusieurs fois par jour (l’enfermement était très dur pour lui) et à nous deux de sortir de nos angoisses liées au covid et de juste baigner dans la joie qu’un chiot peut vous apporter. C’est une chienne adorable, que j’ai vu grandir, sûrement une des chiennes les plus gentilles que j’ai jamais rencontrées. On a nos routines et je vis une partie du quotidien avec elle, je m’en occupe depuis le début quand mon colocataire ne peut pas et j’ai participé à son éducation un peu à distance. Pour autant, ce n’est pas ma chienne. On s’adore et elle me considère comme une de ses humains mais elle n’est pas ma responsabilité, à part dans les temps précis où j’accepte qu’elle le soit. Globalement avec cette chienne j’ai l’impression parfois d’être la tata qui peut s’amuser avec ses nièces et neveux mais qui peut aussi refuser la contrainte quand elle le souhaite.
Et il y a eu Mask. Toute mon enfance je rêvais d’avoir un chien et au noël de mes dix ans mes parents ont enfin accepté qu’on m’en offre un. C’était un croisé berger des Pyrénées (le petit, pas le grand) et berger belge. Il est arrivé chez nous à tout pile deux mois, un petite boule de poils pleine de caractère et je suis tombée amoureuse instantanément. C’était mon chien officiellement. Mais j’avais dix ans, donc c’était aussi le chien de la famille. Mes parents ont beaucoup géré son éducation et, si j’étais celle qui m’occupait du quotidien majoritairement, ils étaient autant ses humains que moi, ou que ma sœur. C’était un chien qui n’était pas hyper intéressé par les gens, il nous aimait nous, il appréciait une ou deux personnes extérieures au foyer, et il tolérait le reste. Quand il est mort à 4 ans à cause d’une piroplasmose, toute la famille s’est effondrée et il nous a fallu des années pour digérer.
J’insiste beaucoup sur à qui “appartenait” le chien dans ces descriptions, ou plutôt qui était l’humain du chien comme je préfère le dire. C’est parce que je pense qu’avec Trufa, une des raisons pour lesquelles la relation est beaucoup plus forte qu’avec aucun autre chien avec qui j’ai vécu, c’est parce que je suis sa seule humaine. Notre relation est exclusive. Oui, elle vit avec mon coloc, et elle l’aime bien, mais il fait partie des humains qu’elle aime bien, il n’est pas son humain. Avec Trufa, c’est moi qui doit tout gérer : l’éducation, les papouilles, le soin, les contraintes budgétaires, surveiller sa santé, sa sécurité, le jeu… Je suis son univers et elle est plus ou moins devenu le mien.
Une des choses qui ont dû jouer aussi dans ce lien aussi fort c’est le lien de confiance qu’il y a entre nous. Ce lien a dû être instauré parce qu’au début Trufa était terrifiée par tout ce qui se trouvait dans notre environnement et elle devait me faire confiance pour la protéger contre ce qu’elle percevait comme des dangers. Elle n’avait jamais vécu en ville, les bruits de la ville la terrifiaient. Les balades qui durent aujourd’hui vingt minutes pouvaient prendre plus de deux fois le même temps parce qu’elle se figeait à cause de la peur et qu’il fallait que je la convainque de continuer, de me faire confiance, d’apprécier la balade. Et elle a choisi très vite (dès le premier jour) de me faire confiance, ce qui est incroyable et que je ne saurais pas expliquer. Et c’est grâce à cette confiance qu’elle a pu, petit à petit, s’habituer à son nouvel environnement et prendre du plaisir aux balades.
Cette relation de confiance est à double sens. J’ai tout de suite su que je pouvais faire confiance à Trufa. Je n’ai jamais eu peur qu’elle soit agressive (même par peur) avec moi. Dès le premier jour j’ai mis mes mains dans sa gueule pour en retirer un os, et me suis ensuite fait la réflexion que c’était pas très malin, que je ne savais pas comment elle aurait pu réagir. Mais j’avais raison de lui faire cette confiance. Bon, Trufa n’est pas une chienne agressive par défaut, mais clairement elle a décidé très vite qu’elle acceptait tout de ma part.
Les gens remettent souvent en question la notion de coup de foudre amoureux. Je n’en ai jamais vécu au niveau romantique, mais j’en ai vécu au niveau amical et je sais que c’est une réalité. Parfois, on rencontre quelqu’un et on sait tout de suite que cette personne va être importante dans notre vie, que c’est notre personne. C’est ce qui m’est arrivé avec Trufa. A la sortie du camion, alors qu’elle était terrifiée et fatiguée au point de ne pas tenir debout, quand la bénévole me l’a mise dans les bras, j’ai croisé son regard et il y a eu quelque chose qui est passé entre nous. J’ai su que j’étais son humaine, qu’elle était ma chienne, et que ce lien serait important dans ma vie. (D’ailleurs, une semaine après, quand elle est sortie de son harnais et s’est mise à explorer le quartier, j’ai réussi à la faire revenir au rappel alors qu’elle n’avait absolument aucun rappel, qu’elle avait vraiment envie d’explorer et qu’on se connaissait à peine… En mars dernier mon coloc s’est retrouvé à lui courir après dans toute la ville pendant une demi heure quand elle s’est à nouveau échappée de son harnais1…)
Je sais que c’est cucul et je sais que beaucoup d’entre vous vont sûrement rouler des yeux en lisant cet article. Mais si j’aime autant parler de Trufa tout le temps c’est parce qu’elle est très importante dans ma vie. Je ne sais pas comment j’aurais survécu à l’année 2023 sans elle honnêtement. Émotionnellement elle m’aide beaucoup. Mais ça ne s’arrête pas à là. C’est une compagnie drôle, émouvante, pleine d’amour. Et je souhaite à tout le monde d’avoir ça dans sa vie, sous quelque forme que ce soit.
Know Thyself
Depuis que je vis avec Trufa, j’ai découvert plein de choses sur moi… En vrac :
J’aime parler de ma chienne à tout le monde. - Bon je ne vous apprend rien. Mais le truc c’est que là c’est contrôlé. Sur internet, je peux choisir quand j’en parle ou pas, choisir de ne pas toujours en parler pour ne pas saouler tout le monde. IRL c’est un peu plus compliqué comme équilibre à trouver. Des fois les gens me demandent “comment va Trufa ?” et se retrouvent avec une demi-heure de moi qui soliloque et leur raconte la vie de Trufa de A à Z (j’avais jamais trop compris les parents qui faisaient ça avec leurs enfants, maintenant je comprends un peu mieux !). Mais au-delà de devoir apprendre à me contenir un peu, j’éprouve une vraie joie à parler de Trufa et échanger avec des gens mon expérience de vie avec une chienne. Il n’y a pas grand chose qui me fasse plus plaisir que de discuter avec des gens qui ont des chiens et comparer nos expériences.
Je ne me lasse pas de la trouver mignonne, qu’elle me fasse rire… - Je pensais qu’après quelques mois la hype redescendrait un peu et que je m’habituerais et que j’arrêterais de faire “awwww” à chaque fois qu’elle se roule en boule avec sa tête sur la hanche par exemple. Bah non. Tout ce que je trouvais mignon à son arrivée continue à me faire fondre aujourd’hui. Toutes les petites choses qu’elle a fait pour me faire rire continuent à me faire rire. Globalement, mon niveau de hype a augmenté plutôt que baissé.
Je suis basique. - Elle me manque quand on est séparées. Et en général on n’est vraiment pas séparées longtemps, au pire trois, quatre jours. Quand je vais en conférence, je suis triste de partir parce que je la laisse à la maison, et elle me manque. J’ai même souvent du mal à dormir parce qu’elle n’est pas dans la chambre d’hôtel avec moi. C’est ridicule parce que je sais qu’elle n’est pas malheureuse et il n’y a aucune raison de le prendre comme ça mais je n’arrive pas à m’en empêcher… Je peux rester des mois sans voir mes proches sans qu’iels me manquent (bon en restant en contact quand même hein) mais ma chienne quelques heures sans elle et je suis déprimée.
J’ai beaucoup d’avis très tranchés. - Vivre avec Trufa m’a fait découvrir que j’avais des avis très tranchés sur des sujets auxquels je n’avais pas trop pensé avant : les feux d’artifices, les gens qui promènent leurs chiens sans laisse en ville, les gens qui jettent de la bouffe par terre, les gens qui caressent mon chien sans demander, les gens qui laissent leurs enfants caresser mon chien sans demander, les gens qui me donnent leur avis sur comment je devrais éduquer ma chienne sans que j’ai demandé… Et vous pouvez imaginer que mes avis sur ces questions sont plutôt énervés. (J’en suis au stade où je voudrais une loi interdisant les feux d’artifice. Mais bon, j’ai aussi des arguments objectifs hein, pas juste le fait que ça terrifie Trufa.)
Et vous, vous avez des animaux ? Qu’est-ce que vous avez découvert à votre sujet grâce à elleux ?
Ce deuxième harnais était sensé être sécurisé et a tenu deux ans sans qu’elle en échappe mais j’ai découvert que les lévriers avaient une morphologie qui demandait des harnais spécifiques. Elle a maintenant un harnais parfait pour elle dont elle n’a aucune chance de s’échapper.